Chaque jour son lot de révélations sur la surveillance menée par l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA). Mercredi 30 octobre, le Washington Post révèle ainsi, sur la base de documents d'Edward Snowden, comment la NSA a procédé pour récolter les données privées des utilisateurs de Google et Yahoo! Et c'est un simple post-it classé top secret qui explique la manœuvre. http://www.washingtonpost.com/world/national-security/nsa-infiltrates-links-to-yahoo-google-data-centers-worldwide-snowden-documents-say/2013/10/30/e51d661e-4166-11e3-8b74-d89d714ca4dd_story.html
Google et Facebook dominent largement le trafic Internet mondial…sauf en Chine et en Russie.
Le phénomène des GAFA est un pb local.
En tout cas, la chose à retenir, c’est que tout ce que vous faîtes sur Internet est accessible. Gardez ça en mémoire, et ne tombez pas des nues quand on vous l’annonce !
Le scandale Verizon, qui a éclaté après les révélations du Guardian sur la saisie automatique des centaines de millions de données téléphoniques de citoyens américains, pourrait bien constituer la première étape d’une série de révélations sur les pratiques d’espionnage des communications opérées dans le plus grand secret par l’Etat américain. Le quotidien britannique affirme, en effet, dans son édition de vendredi 7 juin, que l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) et le FBI ont ainsi accès aux serveurs de neuf géants américains de l’Internet, dont Microsoft, Yahoo !, Google et Facebook, pour y surveiller les activités d’étrangers.
Benjamin Bayart : Tout est question d'équilibre des pouvoirs.
Des silos, verticaux, et sociaux. Le web (en) caste(s).
La question que posent réellement ces acquisitions est celle de la verticalisation des usages, celle d'un internet des silos, et celle beaucoup plus fondamentale des tabous et des interdits à l'échelle de la planète connectée.
Verticalisation des usages. Ou plus exactement de l'attention associée auxdits usages. Par ces systèmes de rachats, nous devenons, souvent à notre corps (mollement) défendant, "captifs" d'un écosystème de services que nous n'avons pas choisi et qui vient instrumentaliser au seul profit des firmes possédantes, les usages associés au service racheté.
Internet des silos. Ces rachats finissent, pour les sociétés mères, par constituer d'énormes silos de données (vidéos pour YouTube, images pour FlickR, textes, images et vidéo pour les plateformes comme blogger ou Tumblr), silos étanches à d'autres écosystèmes concurrents, et qui nous enferment dans une logique de navigation non plus ouverte mais de nature carcérale, tout en renforçant, à la marge, la capacité d'indexation des mêmes sociétés, et surtout, in fine, la remontée de contenus devenus "propriétaires" ou "annexés" (Google surpondère les résultats issus de son écosystème de services, Yahoo! et Microsoft font de même), pervertissant ainsi les logiques de recherche déjà largement biaisées par des routines de personnalisation de plus en plus poussées.
Production de normes sociales. Le rachat de TumblR met une nouvelle fois en lumière un phénomène sur lequel je suis déjà revenu à de nombreuses reprises (ici par exemple => "hygiénisme boutiquer" et "conception cybernétique de la morale" ou là => diapos 10 et 11), à savoir la capacité d'une firme commerciale à (re)définir (en creux ou sur injonction) l'espace des normes sociales constitutives du tabou et de l'interdit. Pour le dire plus simplement, celui de la censure. De fait, Apple fait en la matière figure de leader historique, suivi de près par Facebook, ces deux sociétés pouvant ainsi sans autre justification que la production de leurs CGU ou la morale Tea Party de l'un de leurs dirigeants, interdire, censurer, bloquer à tout de bras des contenus supposément "culturellement choquants", un "choc" totalement ininterprétable à l'échelle d'écosystèmes de services planétaires. En rédigeant ce billet j'apprends que le film de Soderberg sur le pianiste Liberace ne sera pas diffusé aux Etats-Unis car jugé trop "ouvertement gay" : plus de 313 millions d'habitants seront donc concernés par cette censure morale. Quand Apple décide de retirer un BD de son catalogue c'est 400 millions de comptes bancaires actifs qui sont immédiatement concernés. Quand Facebook décide de supprimer l'origine du monde de Courbet pour pornographie ou encore d'interdire des campagnes de lutte contre le cancer du sein au motif que l'on y voit un téton, c'est un milliard d'individus qui subissent immédiatement ce nouveau code moral sans aucune possibilité de recours. Tel est le risque des jardins fermés du web, des enclosures non plus seulement informationnelles mais "morales".