C’est un petit courrier de l’association des maires de France daté du 16 janvier 2016 qui en dit long sur le pessimisme des élus — particulièrement ceux des communes rurales — face au plan France Très Haut Débit du gouvernement. Le document est intitulé : « Les réseaux très haut débit d’initiative publique pourraient pâtir du rachat de Bouygues Telecom par Orange ». [...] Le principe des RIP (réseaux d’initiative public) est simple sur le papier, mais beaucoup plus compliqué sur le terrain. L’idée principale, résumée sur le site de l’ARCEP est de permettre à des collectivités territoriales, poussées par l’État, de financer des « chantiers » pour améliorer, agrandir les réseaux d’accès à Internet en France. Une région, et le plus souvent un département, lancent des RIP, avec des enveloppes (nos impôts), puis des opérateurs Telco sont payés pour déployer les infrastructures de nouveaux réseaux / améliorer des réseaux existants.
Ils demandaient donc aux quatre FAI de mettre en œuvre « toutes mesures propres à empêcher l'accès, à partir du territoire français et/ou par leurs abonnés à raison d'un contrat souscrit sur ce territoire, par tout moyen efficace et notamment par le blocage des noms de domaines ».
«De nombreux autres usages d’Internet sont empêchés (et ce n’est jamais signalé dans les publicités), et sont parfois même considérés comme anormaux par les opérateurs !»
Pas sans rappeller https://twitter.com/bouyguestelecom/status/201341777708462083
« La pornographie est pensée comme un incubateur pour les outils de contrôle et ne représente que l’un des premiers maillons de la chaîne. »
[...]
L’idée envisagée par un Internet qu’on nomme volontiers à deux vitesses est une bombe à retardement, une mise à mort du concept fondamentalement démocratique qui soutient le réseau et, enfin, le règne annoncé des entreprises pouvant mettre la main à la poche pour favoriser leur contenu plutôt que celui de leurs concurrents. Contre la mise en place d’une telle idée se dressent aujourd’hui en France seulement deux entités : d’un côté, l’Etat qu’on n’a vu que peu compétent quand il a été question du numérique ; de l’autre, le Conseil National du Numérique. Cet organisme a d’ailleurs récemment proposé au gouvernement, dont il dépend, d’inscrire la neutralité d’Internet dans la loi.
Bouygues Telecom vient de procéder à une annonce majeure au croisement des domaines de la téléphonie mobile et de la neutralité du Net, puisqu'il « lève les restrictions d'usage sur l'ensemble de ses offres data ».