La montée en puissance actuelle des moyens de l'antiterrorisme et des services de renseignements (loi Cazeneuve et Renseignement) finissent de lever le voile de la stratégie de l'État pour asseoir son pouvoir: contrôler l'ensemble de la population et, au besoin, établir des tribunaux d'exception pour les opposants trop virulents.
Il s'agira d'abord de présenter les méthodes utilisées par la DGSI pour construire l'affaire de Tarnac. Sera ensuite discuté le rôle du mouvement hacker face à ces nouvelles techniques de gouvernement. Et fuck off google! - comme dit le comité invisible dans "À nos amis".
(très très librement traduit de l’article de Bruce Schneier http://digg.com/2015/why-mass-surveillance-cant-wont-and-never-has-stopped-a-terrorist). L’algorithme, en surveillant tout le monde, ne surveillera que ceux qui ne s’en cacheront pas. Et les rares terroristes réels qu’il repèrera seront ceux qui auront commis tellement d’erreurs qu’ils l’auraient été tout aussi bien par une surveillance ciblée. [...] Malgré les milliards de dollars dépensés par la NSA dans le même type de solutions, l’attentat de Boston n’a pas pû être évité. L’un de ses auteurs était pourtant sur la liste de surveillance, tous les éléments étaient là, mais noyés dans une telle masse d’informations que ça n’a servi à rien. Le fait de demander la légalisation d’outils qui ne feront que fournir encore plus d’informations ne peut, à l’évidence, que rendre la tâche encore plus difficile. Le pire, donc, dans tout ceci, c’est que tout l’argent et les moyens dépensés en vain, toutes les atteintes aux libertés publique que cette surveillance de masse implique, ne servent à rien d’autre qu’à nous exposer d’avantage.
Les opérateurs télécoms et les sites Internet vont devoir participer plus activement à la lutte contre le terrorisme en France. Le projet de loi renseignement présenté jeudi, qui étend le champ de l'interception des communications électroniques, réserve plusieurs surprises aux intermédiaires techniques dont Le Figaro dévoile le contenu.
Les acteurs du Net et des télécoms participent déjà à l'identification de personnes suspectées de terrorisme. La loi les oblige à conserver leurs données de connexion et à les transmettre sur requête aux services administratifs de renseignement. Le délai de conservation de ces informations sera porté de un à cinq ans une fois les renseignements recueillis.
Le projet de loi va plus loin. Dans son article 3, le texte permet aux enquêteurs d'obtenir un «recueil immédiat, sur les réseaux des opérateurs» des données de connexion des suspects. De même, il veut contraindre les intermédiaires à «détecter, par un traitement automatique, une succession suspecte de données de connexion». Les fournisseurs d'accès à Internet, mais aussi aux plates-formes comme Google, Facebook, Apple ou Twitter, pourraient devoir déceler eux-mêmes des comportements suspects, en fonction d'instructions qu'ils auront reçues, et transmettre ces résultats aux enquêteurs. Le texte ne le précise pas, mais il pourrait s'agir de connexions fréquentes sur des pages surveillées.
Une autorisation du premier ministre
Les opérateurs télécoms et les sites Internet ayant une activité en France devront se plier à cette obligation de surveillance après accord du premier ministre, c'est-à-dire sans passage devant un juge. L'anonymat des personnes identifiées sera levé «en cas de révélation d'une menace terroriste», prévoit le texte. Cette obligation de surveillance est une manière de durcir la loi antiterroriste du 13 novembre 2014, qui avait retenu, dans les éléments signalant une entreprise de terrorisme individuelle, «la consultation habituelle de sites Internet appelant à la commission d'actes de terrorisme».
Le projet de loi renseignement aborde aussi sur les obligations à la charge des opérateurs et des plates-formes «en matière de déchiffrement des données». Plus que jamais, la France veut disposer des clés permettant de lire des conversations interceptées, même si elles sont protégées. Lors de son voyage dans la Silicon Valley pour rencontrer les géants du Web en février, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait indiqué qu'il s'agissait d'une «question centrale» dans les demandes des États.
Le projet de loi prévoit également que les entreprises du Web et des télécoms devront être en mesure de respecter le secret de la défense nationale, pour s'assurer que leurs échanges avec les autorités ne seront pas dévoilés. Les locaux de ces entreprises pourront aussi être contrôlés par les membres et les agents de la nouvelle Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), l'autorité administrative indépendante qui sera créée.
Des amendements sur le statut des hébergeurs
Toutes ces mesures devront aider les enquêteurs à détecter les internautes suspectés de préparer des actions terroristes, estime le gouvernement. Le ministre de l'Intérieur, qui regrette une trop faible collaboration des acteurs d'Internet, a plusieurs fois indiqué que «90 % de ceux qui basculent dans des activités terroristes en Europe le font après avoir fréquenté Internet». Ce chiffre, issu d'une enquête sur un nombre réduit de familles, est cependant contesté.
La France est aussi à la manœuvre pour inciter les géants du Net à retirer plus rapidement des contenus faisant l'apologie du terrorisme, comme ils s'y sont engagés à l'occasion du déplacement de Bernard Cazeneuve aux États-Unis. Une réunion d'étape doit se tenir en avril à Paris. Le projet de loi renseignement pourrait encore évoluer sur la question de la responsabilité des hébergeurs Internet, avec le dépôt d'amendements pour leur faire respecter de nouvelles obligations plus fermes. Ce sujet fait l'objet de discussions au sein des ministères.
http://www.nextinpact.com/news/93476-comment-france-veut-decupler-pouvoirs-renseignement.html
http://tempsreel.nouvelobs.com/tech/20150317.OBS4798/projet-de-loi-sur-le-renseignement-l-arsenal-qui-fait-du-citoyen-un-suspect.html
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20150317.OBS4758/micros-balises-ecoutes-les-nouveaux-moyens-du-renseignement.html
http://www.canalplus.fr/c-infos-documentaires/c-la-nouvelle-edition/pid6850-la-nouvelle-edition.html?vid=1233130
http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/03/17/le-renseignement-ne-sera-plus-hors-la-loi_4595030_3224.html
http://www.numerama.com/magazine/32502-terrorisme-la-france-exigera-dechiffrement-et-detection-automatique-de-suspects.html
Tristan Nitot, Jérémy Zimmerman, Korben TECHTOC.TV
Cette contribution s'inspire de deux textes récemment publiés sur ce blog :
"Le code c'est la loi. Et les plateformes sont des états." Version longue. Version courte.
"La loi et l'ordre (documentaire)." Version longue. Version presse (publication dans Libé)
Le diaporama est disponible ci-dessous. Juste avant, retour sur quelques points qui y sont évoqués.
La commission d'enquête du Sénat sur la lutte contre les réseaux djihadistes en France et en Europe organisait mercredi une table ronde sur "Internet et terrorisme djihadiste", qui a permis aux parlementaires d'entendre des points de vue beaucoup plus nuancés que l'hystérie ambiante, sur les liens de cause à effet entre l'utilisation libre d'Internet et le développement du terrorisme. La session a été enregistrée par Mediapart, en deux parties : http://www.dailymotion.com/video/x2fwbl7_j-zimmermann-1-audition-internet-et-terrorisme-djihadiste-senat-28-01-15_news http://www.dailymotion.com/video/x2fwcqi_j-zimmermann-2-audition-internet-et-terrorisme-djihadiste-senat-28-01-15_news
A retrouver aussi sur le mediakit de la quadrature du net:
http://mediakit.laquadrature.net/?type=2&show=2&count=100&q=20150128
Contre le terrorisme international, les 7 pays les plus industrialisés et la Russie réunis hier à Paris ont arrêté 25 mesures. || http://i2.wp.com/reflets.info/wp-content/uploads/2015/01/lepoint-29071995.png
Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur, a présenté aujourd'hui en Conseil des ministres son projet de loi de lutte contre le terrorisme. Véritable arsenal de mesures de surveillance et de restrictions des libertés, ce texte réintroduit notamment le blocage administratif et sans juge de sites Internet, et propose d'étendre à nouveau l'extra-judiciarisation de la censure des contenus en ligne.