La question de la souveraineté technologique se pose avec acuité lorsqu’il s’agit d’aborder la question du libre accès à Internet pour un ensemble d’usages, qui vont de la simple communication interpersonnelle à l’échange de fichiers, en passant par l’utilisation d’applications web de partage de ressources et d’organisation collective. Nous aborderons principalement dans cet article la problématique sous l’angle « réseau », en partant du global pour considérer ensuite des initiatives à l’échelle locale.
Pourquoi ce contrôle est-il important ? Parce que liberté signifie avoir le contrôle sur sa propre vie
Né dans les années 1980 de la révolte de hackers contre la privatisation du code informatique, le mouvement du logiciel libre ne semblait pas destiné à renouveler nos imaginaires politiques. Les valeurs et les pratiques du Libre ont pourtant gagné d’autres domaines, dessinant peu à peu une véritable « utopie concrète ». Celle-ci a fait sienne plusieurs exigences : bricoler nos technologies au lieu d’en être les consommateurs sidérés, défendre la circulation de l’information contre l’extension des droits de propriété intellectuelle, lier travail et réalisation de soi en minimisant les hiérarchies. De GNU/Linux à Wikipédia, de la licence GPL aux Creative Commons, des ordinateurs aux imprimantes 3D, ces aspirations se sont concrétisées dans des objets techniques, des outils juridiques et des formes originales de collaboration qui nourrissent aujourd’hui une sphère des communs propre à encourager l’inventivité collective. On peut être tenté de voir là un projet de substitution au modèle néolibéral. Pourtant, dans sa relation à l’économie d’Internet, ses enthousiasmes technophiles ou ses ambiguïtés politiques, le Libre soulève aussi nombre de questions. Sébastien Broca fait ressortir celles-ci, en racontant une histoire dans laquelle les hackers inspirent la pensée critique (d’André Gorz aux animateurs de la revue Multitudes) et les entrepreneurs open source côtoient les défenseurs des biens communs. À travers ce bouillonnement de pratiques, de luttes et de théories, l’esprit du Libre émerge néanmoins comme un déjà là où s’ébauchent les contours d’une réinvention sociale.
Sébastien Broca est sociologue au Centre d’études des techniques des connaissances et des pratiques (Cetcopra) de la Sorbonne. Ses travaux portent sur les projets de transformation sociale en lien avec les mouvements du numérique. Il est membre des réseaux de recherche Anthropological Materialism et Numer-Univ.
Richard Stallman a publié un article important dans le magazine Wired à l’occasion des 30 ans du projet GNU.
Article que nous avons traduit collaborativement avec la relecture attentive du groupe de travail « trad-gnu » de l’April et l’accord final de Richard himself.
Les députés, lors de la seconde lecture du projet de loi de refondation de l'école de la République, ont voté en séance publique en faveur d'un amendement gouvernemental visant à refuser la priorité au logiciel libre pour le futur service public du numérique éducatif. L'April dénonce une manœuvre au service d'intérêts privés et au détriment de l'intérêt général.