Après les attaques contre Charlie Hebdo et un magasin juif, la surveillance d’Internet est remise sur le tapis par les politiques. Mais il existe déjà de multiples outils contre l’apologie du terrorisme.
Lorsqu'on se prend à défendre le principe de neutralité du Net (comme ici il n'y a pas si longtemps) –ce concept qui garantit en gros qu'un billet de blog sera transporté de la même façon dans les tuyaux du Net qu'une vidéo balancée sur les gros serveurs de YouTube (et donc Google)–, on rétorque souvent que cet argumentaire fait justement les affaires de Google.
Si l'information a depuis été mollement démentie par l'intéressé, et raillée par les commentaires moqueurs du secteur, nous avons décidé chez Slate de prendre Arnaud Montebourg au sérieux. Et de lui fournir une feuille de route complète pour empêcher une bonne fois pour toutes l'ensemble des services de Google (Gmail, YouTube, Google Drive...) de venir encombrer le réseau français. Le tout, en s'inspirant évidemment des meilleurs élèves en matière de censure du Net: Chine, Iran, Syrie, Russie, Corée du Nord... bref, la crème de la crème!
1. Filtrer google.com, youtube.com...
2. Filtrer les adresses IP
3. Effacer Google de l'Internet français
4. Effacer Google de tout l'Internet
5. Filtrer des mots clé
6. Ralentir le débit de l'Internet
7. Faire un intranet
8. Agir dans les box des FAI ou dans les appareils
9. Bombarder la Silicon Valley et/ou les internautes récalcitrants
Juristes, défenseurs des libertés, politiques ne font pas la même lecture de ce point de la loi de programmation militaire, jugé encore plus liberticide que les autres textes en vigueur. Essayons d'y voir plus clair. (C'est pas gagné.)
oilà maintenant près d'un mois les révélations sur la surveillance massive qui permet aux Etats-Unis de scruter l’activité du monde entier en piochant dans les serveurs des géants du Net bien de chez eux (Google, Apple, Facebook et compagnie), a été mis au grand jour. Depuis la publication dans le Guardian et le Washington Post d’une présentation fort moche de la NSA sur le sujet, censée restée secrète (et pas que pour des raisons esthétiques), «l’homme par qui est arrivé le scandale», comme le désigne les médias, Edward Snowden, joue à Bib-Bip Coyote avec Washington à travers le monde, ravivant sur son passage des antagonismes au goût suranné de Guerre Froide.
Et... c’est à peu près tout. Car, à de rares exceptions près, et s'il n'y avait pas eu les écoutes à l'ancienne de certaines ambassades dont celles de la France aux Etats-Unis et de certaines institutions européennes pour réveiller les politiques, au-delà du petit frisson de l’affaire d’Etat, tout le monde s’en fout.
LA NEUTRALITÉ REMISE SUR LE TAPIS http://owni.fr/2012/09/14/la-neutralite-remise-sur-le-tapis/
INTERNET BAT LA MESURE http://owni.fr/2012/06/04/internet-bat-la-mesure/
INTERNET SE FERA SONDER EN PROFONDEUR http://owni.fr/2012/01/19/mesure-internet-inria-metroscope-qos/
LES TÉLÉCOMS PERDENT TOUTE AUTORITÉ http://owni.fr/2012/01/12/les-telecoms-sans-autorite/
FREE, SFR, ORANGE ET BOUYGUES EN AUTOCONTRÔLE http://owni.fr/2012/01/06/operateur-fai-free-orange-sfr-bouygues-arcep-internet-qos/
LES TÉLÉCOMS GAGNENT BRUXELLES http://owni.fr/2011/10/10/bruxelles-adopte-le-lobby-des-telecoms/
Ces derniers jours, plusieurs médias ont titré sur une cyber-attaque qui menaçait l’Internet mondial. Décryptage d’une action bien moins apocalyptique que prévu.
Le gouvernement français vient d’annoncer son intention de se prononcer sur la “neutralité” du net. Faut-il avoir peur ? Comment protéger ce qui reste aujourd’hui encore le fondement du net ?
Préserver le caractère libre et foutraque d’Internet. Veiller à ce que ses portes restent ouvertes, sur le pire comme sur le meilleur, des petits chats au porn : telle est la mission sacrée de la neutralité du Net. Ce concept, dont tout le monde parle aujourd’hui mais que personne ne pipe vraiment, pourrait bien être au réseau ce que Tom Hanks est au soldat Ryan : la meilleure façon de sauver ses fesses.
Car entre tireurs de câbles, pourvoyeurs d’octets et États bégueules qui tentent de dicter ce qui doit ou non atterrir sur nos bidules connectés, Internet est sous une rafale de tirs dans laquelle il risque bien de laisser sa peau. L’hémorragie est déjà en cours et nous sommes les premiers à trinquer : Internet mobile tronqué, forfaits de salon menacés, abonnés à Free privés de YouTube le soir… Les exemples ne manquent pas et titillent d’un même coup les politiques : faut-il ou non agir en protégeant par une loi ce principe au fondement même d’Internet ?
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Une chose est sûre : cette neutralité fera forcément l’objet d’aménagements, âprement négociés. À peine son inscription dans la loi a-t-elle été confirmée, à la suite de l’annonce du Cnnum, que déjà était fait mention des “exceptions” à venir. A cette occasion, Fleur Pellerin s’est lancée dans une opération de déminage express, s’empressant de déclarer qu’il était “important de ne pas ignorer les inquiétudes des opérateurs”.
Ces derniers mois, la ministre n’a pas fait mystère de son soutien au secteur, notamment dans la guerre qui l’oppose, dans les entrailles du réseau, aux géants du Net. Les FAI cherchent ainsi à les faire raquer pour la connexion à leur tuyauterie, jugeant leurs données encombrantes donc coûteuses. Ces derniers rétorquent qu’ils contribuent déjà aux infrastructures du Net et que si les opérateurs ont des clients, ce n’est pas pour zyeuter leurs beaux câbles, mais ce qui circule à l’intérieur. Un bras de fer réticulaire qui oppose notamment Google et Free depuis des mois, et dont les abonnés à l’opérateur sont les victimes collatérales : c’est pour cette raison que YouTube rame le soir ou que, début janvier, la pub a disparu de l’écran de tous les Freenautes. Deux altérations nettes du réseau, que Fleur Pellerin condamne pour la forme, et les manières de mauvais garçon du trublion du secteur, tout en étant alignée sur le fond.
Jusqu’où peut aller l’idylle telco-politique ? Pour Benjamin Bayart, la question qui se pose aujourd’hui est simple : “Peut-on accepter des cas de censure privée pour des motifs économiques ?” Et de conclure : “la réponse est non”. Pour le moment, le pouvoir ne tranche ni dans un sens, ni dans l’autre, indiquant attendre les conclusions de l’analyse juridique des services de la Garde des Sceaux, chargés de copiloter, aux côtés de Fleur Pellerin et de Manuel Valls à l’Intérieur, le projet de loi sur les libertés numériques. Plusieurs sources gouvernementales laissent déjà entendre que seul l’esprit de l’avis du Cnnum sera repris, et pas davantage.
En clair, tout reste encore à faire. “Il faudra donc être extrêmement vigilants”, commente Jérémie Zimmermann, notamment “au Parlement, où ça va se jouer”. “Car si c’est pour inscrire dans la loi un principe criblé de trous, soupire le militant, mieux vaut ne rien faire du tout”.
Au même titre qu'un autre, je suis censée pouvoir accéder à tous les contenus disponibles en ligne, mais aussi et surtout en publier. Et ce quelque soit le fournisseur d’accès à Internet (FAI) pour lequel j’ai opté. [...] Il n’y a que moi, en bout de course, ou le juge, en amont, qui pouvons modeler ce qui arrive ou non sur nos écrans.
ça fait un bail qu'on cogite en France sur cette fameuse neutralité du Net qui consiste, pour rappel, à assurer que l'Internet soit le même partout et pour tous, quelque soit notamment le fournisseur d'accès à Internet (FAI) auquel on souscrit. Il y a eu des rapports à la pelle, des groupes de travail et même des propositions de loi émanant de la gauche comme de la droite. Du coup, on s'attendait plus hier à une conclusion qu'à un énième prolongement de la réflexion.
Fleur Pellerin a en effet conclu les débats en déclarant que le travail devait se poursuivre sur ce dossier, donnant dans la foulée rendez-vous fin février prochain, date à laquelle le gouvernement devrait tenir un "séminaire" sur la question numérique.
En fait, on a un peu l'impression de revivre l'Histoire sans fin IRL, où Internet serait un Fantasia sans personne pour en prendre soin.
“Les données personnelles sont le nouveau pétrole de l’internet”. Et pourquoi pas aussi le levier d’une nouvelle fiscalité en France ? Selon nos informations, la mission chargée de réfléchir à une “fiscalité du numérique” et baptisée “Colin et Collin” du nom de ses deux auteurs, s’oriente vers une imposition déterminée par la politique des entreprises en matière de données personnelles. Qui dépasse donc largement le seul secteur numérique.
Coup de tonnerre pour tous ceux qui se frottaient déjà les mains à l’idée de prélever les seuls “GAFA” (Google, Amazon, Facebook et Apple), championnes de l’optimisation fiscale : le projet des deux rapporteurs impliquerait en effet toutes les firmes qui disposent d’informations sur leurs utilisateurs. Au-delà des géants du web, EDF, GDF, La Poste mais aussi les banques, les assurance ou les groupes de distribution alimentaire… bref ! toute activité suivant de près les faits et gestes de sa clientèle.
Une idée originale dans le débat plus connu sous le sobriquet réducteur mais significatif de “Taxe Google” et sur lequel nombre se sont déjà cassés les dents. Et qui ouvre autant de perspectives que d’interrogations, en matière de compétitivité comme de protection des données
Passager clandestin», l'expression est jetée. Pour la ministre de l'Economie numérique Fleur Pellerin, qui s'exprimait dimanche 13 janvier, c'est désormais assez clair: les géants du web profitent des réseaux des opérateurs télécom pour faire leur beurre. Une situation «asymétrique» qu'il faut rééquilibrer: Google et compagnie sont priés de mettre la main au porte-monnaie pour acheminer leurs données auprès des internautes.
Alors qu'elle organise ce mardi 15 janvier une table ronde sur le sujet, la ministre semble donc avoir déjà choisi son camp dans la guerre que se livrent fournisseurs d'accès à Internet (Orange, Free, SFR, Bouygues Telecom...) et gros bonnets du web (représentés par les «Gafa»: Google, Amazon, Facebook et Apple). Une baston dans les entrailles du Net, qui s'est intensifiée en raison de l'augmentation du volume de données qui circulent sur le réseau.