Ainsi donc, les tuyaux d’Internet sont encombrés. Ou du moins, ils vont le devenir. Et, cela va de soi, les services de partage vidéo, dopés à la haute définition 1080p, sont les grands coupables de cet embouteillage à venir. Nous devons croire Free et les autres opérateurs sur parole. Nous pouvons aussi constater que ce discours alarmiste n’est pas nouveau, qu’il existe pratiquement depuis les débuts de YouTube et qu’il concerne toujours l’avenir, rarement le présent. Aujourd’hui, ce sont les perspectives autour d’une éventuelle Google TV qui angoissent les fournisseurs d’accès. Celle-ci nécessiterait une augmentation substantielle (et coûteuse) de la bande passante disponible.
C’est très gentil de la part des opérateurs d’envisager avec une telle conviction le succès massif d’un nouveau service Google. Mais le géant américain est très loin de réussir tout ce qu’il entreprend, et passer d’un système de partage de vidéos à une logique de flux n’a rien d’évident. Même si le succès est au rendez-vous, il faudra sans doute quelques années avant que son utilisation se standardise. Et les progrès technologiques permettront peut-être d’augmenter les débits de manière moins coûteuse. Imaginons qu’on puisse revenir en 2006 et raconter à un opérateur qu’un jour une vidéo disponible en full HD dépassera le milliard de vues en moins de six mois. Et pouf, dans les pommes. Pourtant, PSY n’a pas fait tomber Internet.
Les tuyaux évoluent donc et réussissent à absorber l’augmentation exponentielle du débit sur le Net. Au-delà, on peut aussi imaginer d’autres solutions plus simples pour pouvoir profiter de manière fluide de la vidéo en HD. Par exemple, remettre au goût du jour le peer-to-peer (P2P), diabolisé par l’inutile chasse aux pirates menée par l’Hadopi. Avec le très haut débit et la taille actuelle des disques durs, le P2P, basé sur l’échange entre ordinateurs plutôt que sur le téléchargement centralisé, permettrait de répartir harmonieusement l’utilisation de la bande passante et d’absorber sans problème les pics aux heures de pointe. Une fois les habituelles réticences des ennemis du partage dépassées, nous pourrions par exemple profiter de services compatibles avec les infrastructures réseau. Une « Torrent TV » serait ainsi tout à fait pertinente, elle.