Revenons donc à l’article du gouvernement sur la désinformation : « Et si ceux qui dénoncent la manipulation étaient eux-mêmes en train de nous manipuler ? Oui, #OnTeManipule (…) quand on demande d’y croire, sans aucune preuve » s’égosille l’exécutif, réclamant de chacun « un sens critique », « du recul » par rapport aux informations qui circulent. Prenons justement un petit peu de recul car nous avons effectivement décelé plusieurs indices de manipulations politiques ces dernières années. En voici un florilège. [...] La suppression, le remplacement, la conservation de la Hadopi [...] Le blocage administratif de sites [...] La loi Renseignement et son contrôle [...] État d’urgence : des chiffres puis des lettres [...] Le culte du chiffre et son abandon
Guillaume Erner reçoit Benoît Thieulin, président du Conseil National du Numérique et Benjamin Bayart, cofondateur de la Quadrature du net
Quels sont ceux qui, parmi les intellectuels et écrivains, nous en donnent les clés ? Classiques, contemporains, laudateurs ou critiques : de George Orwell à Lawrence Lessig en passant par Evgeny Morozov ou Deleuze, les chroniqueurs de l’émission vous proposent un florilège en guise d'idées de lectures de vacances...
http://rf.proxycast.org/1111938729259311104/10183-27.12.2015-ITEMA_20874392-1.mp3
voire aussi https://medium.com/@martelf/les-penseurs-du-web-the-internet-s-thinkers-fe7db9ebe025#.5ceajp4ui
Alors que le projet de loi relatif au renseignement sera examiné lundi par l'Assemblée Nationale, la menace des hébergeurs français de quitter la France pour suivre leurs clients nous rappelle que depuis le premier d'entre eux (Eric Besson), les ministres en charge de l'économie numérique ont toujours adopté la posture de l'autruche devant les textes de loi touchant au numérique qui font le plus polémique.
A chacune des cinq étapes de la transition numérique d’une filière, il y a de bonnes raisons de se dire “jusqu’ici, tout va bien”.
Quand le mathématicien américain Norbert Wiener (1894-1964) invente ce qu’il baptisera la « cybernétique » — un dérivé du grec kubernêtês, qui désigne le pilote, le gouvernail —, il veut s’attaquer au problème de la régulation des communications en général, et plus particulièrement aux messages entre l’homme et la machine, entre la machine et l’homme et entre la machine et la machine. Il semble ne rester de cette ambition qu’un préfixe en vogue, ce « cyber » qui, aujourd’hui, comme le précise le dictionnaire Larousse, « sert à former de très nombreux mots relatifs à l’utilisation du réseau Internet ». On l’accole le plus souvent à des termes (criminalité, défense, stratégie, etc.) exprimant l’obsession sécuritaire de la « société de l’information ». La théorie élaborée par le savant s’est perdue dans le « réseau des réseaux », en partie conçu sur le lieu même de ses expérimentations, l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT)… Pour en comprendre les enjeux fondateurs, le retour aux sources s’impose.
[...]
(1) Norbert Wiener, La Cybernétique, Seuil, Paris, 2014, 376 pages, 28 euros (1re éd. : 1948) ; et Cybernétique et société. L’usage humain des êtres humains, Seuil, 2014, 224 pages, 8 euros (1re éd. : 1950). Les citations proviennent de ces deux ouvrages.
(2) Cf. Fred Turner, Aux sources de l’utopie numérique, C&F Editions, Caen, 2012, 427 pages, 32 euros. Lire aussi Philippe Rivière, « Allende, l’informatique et la révolution », Le Monde diplomatique, juillet 2010.
(1) Norbert Wiener, La Cybernétique, Seuil, Paris, 2014, 376 pages, 28 euros (1re éd. : 1948) ; et Cybernétique et société. L’usage humain des êtres humains, Seuil, 2014, 224 pages, 8 euros (1re éd. : 1950). Les citations proviennent de ces deux ouvrages.
(2) Cf. Fred Turner, Aux sources de l’utopie numérique, C&F Editions, Caen, 2012, 427 pages, 32 euros. Lire aussi Philippe Rivière, « Allende, l’informatique et la révolution », Le Monde diplomatique, juillet 2010.
Et là, je ne sais pas. J'y vais ? J'y vais pas ?
Pratique pour dégrossir. Compléments : http://www.legalis.net/ et les sites .gouv bien évidement.
Qu’est-ce que produit ce sentiment d’insécurité ? Qu’est-ce que produit ce mélange des dangers ? Eh bien, des tentatives de politiques sécuritaires.
Dans le champ du numérique, cela prend une forme particulière : la tentation des gouvernements successifs à déléguer l’application des lois à des autorités administratives. Pour le dire autrement, la sécurité numérique ne relèverait pas de la Justice, mais d’un droit dérogatoire, où des autorités administratives indépendantes pourraient filtrer les contenus, en bloquer certains, faire fermer des sites, priver des particuliers de leur accès à Internet, tout cela sans passer devant un juge, sans procédure contradictoire. Symbole de cette tentation : en 2011, était lancée par un ancien ministre UMP l’idée de créer une Haute autorité du Net qui pour lutter contre les escroqueries, le téléchargement illégal, la pédophilie ou même l’incitation à la haine aurait eu le pouvoir de fermer un site sans aucune procédure judiciaire. Folie vous direz-vous. Je vous rappelle qu’à l’origine, l’Hadopi, c’était cela appliqué au respect du droit d’auteur. On pouvait après quelques avertissements priver quelqu’un s’étant livré au téléchargement illégal de l’accès à Internet – accès considéré comme un droit par l’ONU – et cela sans que la Justice n’ait rien à dire. Dans les faits, et grâce à des mobilisations fortes, l’HADOPI n’a jamais pris ces mesures. Mais la tentation est grande et ne se limite pas aux gouvernements de droite. Tout dernièrement, un article du projet de loi pour l’égalité homme-femme s’inscrivait encore dans cette logique, il a été voté au Sénat, puis retiré. Et l’idée du gouvernement consistant à transférer les objectifs et compétences de l’HADOPI au CSA (le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, une autre autorité administrative donc) n’est pas complètement étrangère à tout cela.
Vous me direz que ce n’est pas très grave, que dans une démocratie, on n’a rien à craindre d’une autorité administrative indépendante. Peut-être. Ce qu’on à craindre, me semble-t-il, c’est d’accepter que nos vies numériques soient soumises à un régime de droit à part, comme si, parce que c’est technique, parce que c’est compliqué, le pouvoir politique pouvait se passer de la justice en ces matières. Ce n’est jamais bon quand le pouvoir politique pense pouvoir se passer de la justice.
Le gros problème continue Morozov, c'est que nous ne prenons pas assez au sérieux les entreprises du numérique. Dans 10 ans, affirme-t-il, Google et Amazon proposeront de nouveaux services d'un genre très différent : elles s’attaqueront au secteur bancaire et celui de l’assurance, et alors leur "intrusion" nous paraitra beaucoup plus inquiétante. "Si on vous proposait aujourd'hui d'avoir dans votre chambre un capteur installé par JP Morgan, vous diriez non !" a ironisé Morozov. C'est pourtant à cela que nous nous préparons.
Projets de loi sur la consommation, la culture, les données personnelles... Plusieurs textes vont avoir un impact sur les services en ligne et les libertés numériques en 2014. Pense-bête de rentrée.
Comment échapper au « Digital Dark Age » qui désigne la situation dans laquelle les données électroniques seront devenues illisibles en raison de supports caducs et de formats oubliés ?
Des solutions existent-elles pour éviter le trou noir numérique et assurer la pérennité de l’accès à ces données malgré la permanente évolution des langages informatiques et des normes de protection contre la copie des productions numériques ?
Au contraire, le développement anarchique de l’informatique menace-t-il la mémoire électronique d’une sorte d’ « oubli numérique » ?
La feuille de route du gouvernement et le discours du Premier ministre ont listé 18 mesures pour «mettre le numérique au service de ses valeurs démocratiques et sociales». Le souffle est court, et le sentiment d'un verre à moitié plein/vide.
En vue de la table ronde sur la neutralité du net organisée par Fleur Pellerin le 15 janvier 2013, son cabinet m'a proposé de lui faire part de mon point de vue. A cette fin j'ai essayé d'éclaircir, autant pour mon usage personnel que pour qui voudra, mes idées sur cette notion complexe.
La "neutralité du Net" est à la mode. Pourtant, quelle qu'en soit la source, la définition de ce concept reste - au mieux - floue: un Internet neutre serait "un simple tuyau qui ne discrimine ni ne modifie les données qu'il transporte". L'objectif étant à la fois technique (éviter une balkanisation du réseau) et politique (garantir un certain nombre de droits à l'internaute).
[...]
«La première des atteintes à l'objectif de neutralité est l'asymétrie des débits.»
très bon billet
On a souvent une image rétro du bibliothécaire. Mais à l’heure du numérique, la profession est confrontée à des enjeux de taille. Lionel Maurel a cette particularité d’être à la fois juriste, bibliothécaire et tenancier d’un blog incontournable sur les questions relatives aux droits d’auteurs et aux libertés numériques. Sous le pseudo Calimaq, en référence à Callimaque de Cyrène, un poète grec et bibliothécaire de la mythique Bibliothèque d’Alexandrie, au IIIe siècle avant J-C, il alimente à un rythme effréné son S.I. Lex. Lex Google, Licence Libre, Copyfraud, Domaine public, Contribution créative, copy party… Lionel Maurel illumine la caverne de l’obscurantisme.
Couverture intégrale du territoire en très haut débit”, dont le gouvernement assure reprendre “le pilotage” ; “sécurité des réseaux, systèmes et données, de l’indépendance technologique ou de la capacité des autorités judiciaires et administratives à agir en cas de besoin”, qui devrait notamment couvrir la polémique sur le géant chinois Huawei, ou bien encore “respect de la vie privée” et “protection des personnes face à la multiplication des fichiers.” Bercy semble vouloir donner une suite à la fameuse affaire du bug (ou pas) Facebook, en sollicitant particulièrement la Cnil sur les questions de données personnelles.
Et ce n’est pas tout. A cela s’ajoute encore le gros volet de la fiscalité du numérique, au cœur de nombreuses réflexions déjà lancées dans les différents ministères. Ainsi celle sur le rapprochement du CSA et de l’Arcep, dont les premières conclusions devraient arriver dès novembre, ou bien encore la mission de Pierre Lescure, chargée de réfléchir à des mécanismes de financement de la création, sans oublier les conclusions sur le sujet de Colin et Collin, respectivement inspecteur des finances et conseiller d’Etat, attendues aux alentours du mois de décembre prochain.
«Le rejet d’ACTA par le Parlement européen, tout comme la mise en échec en début d’année de la loi SOPA aux Etats-Unis, obtenus grâce à une mobilisation citoyenne sans précédent, constituent à l’évidence deux grandes victoires. Mais leur portée reste limitée, car il s’agissait essentiellement de batailles défensives, menées par les défenseurs des libertés numériques et de la culture libre pour barrer la route à des projets liberticides.
Néanmoins, ces succès créeent une opportunité politique pour passer de la défensive à l’offensive, en proposant une refonte globale du système du droit d’auteur et du financement de la création.
Dans cette perspective, la Quadrature du Net vient de publier un document de première importance, préparé par Philippe Aigrain et intitulé “Eléments pour la réforme du droit d’auteur et des politiques culturelles liées“. »