Sur les moyens de contrôler les activités des services de renseignement
« Ce n'est pas parce que quelque chose est techniquement possible que nous devons le faire », estime Mme Poitras. « Nous avons beaucoup d'armes, mais ce n'est pas pour cela que nous devons les utiliser… Or, les gouvernements veulent militariser Internet. Nous avons un fossé entre les possiblités offertes par la technologie et la manière dont elles sont régulées. Et cette régulation, c'est justement ce que nous devrions faire dans les démocraties. Snowden lui-même ne dit pas qu'il ne devrait y avoir aucune surveillance, mais qu'il ne doit pas y avoir une surveillance de masse. »
Sur l'augmentation de la menace djihadiste et les attentats de Paris et Copenhague
« Si les gouvernements peuvent utiliser ces attaques pour réduire nos libertés, ils le feront, et nous devons réagir, juge Laura Poitras. Nous ne devons pas abandonner nos libertés au nom de la sécurité. L'usage que mon pays fait de la violence, sa politique d'occupation, de détentions arbitraires, de torture en Irak et ailleurs, augmente l'insécurité à travers le monde. »
La cryptographie, une solution viable pour les citoyens ?
Interrogée pour savoir si l'utilisation d'outils pour protéger la vie privée est une option réaliste pour les citoyens inquiets des révélations Snowden, Laura Poitras explique que c'est avant tout « au gouvernement de réguler les choses » et de fixer des limites à la surveillance.
Mais elle reconnaît que « de plus en plus d'entreprises proposent ce type de solutions à leurs clients ». A un membre de l'assistance qui lui demandait si l'on peut réellement faire confiance à des entreprises, elle fait remarquer qu'à la fin du film, dans les crédits, ne figure aucune société, mais « des logiciels libres, gratuits, comme TOR [The Onion Router – “le routeur oignon”, en français] ». « Pour répondre à votre question, je ne fais pas confiance aux grandes entreprises. »
Je crois aussi que ce débat – sécurité contre liberté – est un faux débat. Il n’y a aucune preuve que l’usage de la surveillance de masse ait servi à éviter des attaques. On a découvert après coup que la CIA n’avait jamais transmis au FBI des informations concernant deux des auteurs des attentats du 11 septembre : c’est un échec du renseignement. Or la réaction a été de tout collecter. La NSA, les «Five Eyes» (2), sont submergés de données. J’en suis un exemple : me poser les mêmes questions, à chaque passage de frontière, pendant six ans, c’est une perte de temps et de ressources. C’est une espèce de machine kafkaïenne, complètement hors de contrôle.
Sortir de l’Etat de droit, comme on l’a vu avec Guantanamo, ce n’est pas arrêter les terroristes. C’est un outil de recrutement. Je ne dis pas cela sur un plan théorique : j’ai été en Irak, j’y ai vu la colère croissante contre les Etats-Unis. Juste après l’élection d’Obama, beaucoup de gens étaient vraiment heureux, ils pensaient que les choses allaient changer. Des années après, on voit l’usage du programme de drones au-dessus du Yémen. Cela radicalise les gens.
Voici la suite des « études » des leaks (fuites) de Snowden menées pour NSA-Observer. Dans cet article, nous allons revenir sur les révélations du Spiegel datant de fin décembre lors du 31c3 (Chaos Computer Congress) et du 17 janvier 2015 portant sur les moyens offensifs de la NSA ainsi que d'autres agences concernant la cryptographie.
http://cdn.media.ccc.de/congress/2014/webm-sd/31c3-6258-en-Reconstructing_narratives_webm-sd.webm
BULLRUN est un « programme » de la NSA exploitant différents moyens pour accéder à du contenu chiffré. Le New York Times avait abordé le sujet fin 2013 dans son article « Secret Documents Reveal N.S.A. Campaign Against Encryption » mais sans aucun détail (comme The Guardian ou encore propublica).
Le Torrent est disponible:
https://isohunt.to/torrent_details/13228290/Citizenfour-Edward-Snowden-story-by-Laura-Poitras-720p-h264-Isohunt-to
Les sous-titres seront disponibles d'ici peu.
Citizenfour (typographié CITIZENFOUR) est un film documentaire réalisé par Laura Poitras en 2014 concernant Edward Snowden et ses révélations sur l'espionnage de la NSA.
Citizenfour traite de la surveillance mondiale généralisée et retrace notamment l'histoire d'Edward Snowden de Hong Kong à Moscou.
En janvier 2013, Laura Poitras a reçu pour la première fois un e-mail anonyme signé CitizenFour, le nom de code que s'était donné Edward Snowden4.
Laura Poitras filme des « scènes historiques », avec notamment la rencontre entre les deux journalistes du Guardian, Glenn Greenwald et Ewen MacAskill (en), qui ont révélé l’affaire, et leur source, Edward Snowden, à l'hôtel Mira à Hong Kong5.
Citizenfour est le troisième volet de la trilogie sur l'Amérique post 11 septembre, réalisée par Laura Poitras6. En 2006, elle dénonçait les excès de la guerre anti-terroriste dans My Country, My Country (en), qui traite de la guerre en Irak menée par les États-Unis. En 2010, le second volet intitulé The Oath (en) , s'intéressait à la base navale de la baie de Guantánamo