Quand Place de la toile m’est échue il y a cinq ans maintenant, je suis allé voir Dominique Cardon pour qu’il me conseille quelques lectures de base sur les questions numérique. Et il m’a dit tout de suite : « il faut absolument lire Fred Turner, De la contreculture à la cyberculture (2006), c’est un livre essentiel. » Et j’avoue honteusement ne pas l’avoir fait, le livre était gros, disponible en anglais seulement, j’ai été rebuté. Par la suite, la référence au livre de Turner est très souvent apparue au détour d’un texte ou d’un propos, rendant chaque jour sa lecture plus urgente. Lecture encore retardée car entre temps, Hervé Le Crosnier m’a annoncé que sa maison d’édition en avait lancé la traduction en français. Paresseusement, j’ai attendu cette traduction, qui vient donc de paraître aux éditions C&F, sous le titre Aux sources de l’utopie numérique. Et là, je le dis sans aucune exagération, cette lecture m’a émerveillé. Le livre de Fred Turner est extraordinaire. Peut-être le livre le plus passionnant, le plus complet, le plus éclairant, que j’ai lu sur l’histoire intellectuelle des nouvelles technologies. On y comprend tout : comment l’informatique passe des militaires aux hippies, le rôle du LSD et des communautés, la place de la cybernétique et des analyses de McLuhan, le glissement vers l’entreprenariat et la nouvelle économie, Turner explique tout cela avec force détails, l’incarnant dans des trajectoires individuelles et des expériences collectives, c’est assez prodigieux. D’où cette émission, dont l’ambition est moins de rendre compte de la totalité du livre que d’en éclairer quelques points, les plus saillants. A votre charge, chers auditeurs et auditrices, d’aller en découvrir le reste.
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